jeudi 30 octobre 2025

Quand le système de santé rend malade

🩺 Réflexion sur la santé au Québec et notre responsabilité collective

Avant d’écrire ce billet — ou devrais-je dire avant d’oser mettre mes pensées noir sur blanc —, je me suis demandé : comment opiner sur un sujet aussi sensible que la santé au Québec ? Parce que la santé, c’est vital. C’est intime. C’est sacré.
Et pendant un instant, je me suis sentie comme une intruse à vouloir donner mon avis sur un domaine si complexe.

Santé Québec

Mais non. En y repensant, je me suis dit que tout le monde peut — et doit — en parler. Parce que la santé publique, ce n’est pas qu’une affaire de spécialistes. C’est une affaire de citoyens, de familles, de société.

Et aujourd’hui, nul besoin d’un diplôme de médecine pour constater l’évidence : le système de santé québécois est malade.
Pire encore, il rend malade ceux qu’il devrait guérir. Et quand on est déjà affaibli, il nous épuise un peu plus.

Saluer avant de critiquer

Je tiens à saluer le travail remarquable des médecins, des infirmières, des spécialistes, des paramédicaux, des techniciens et de tous les professionnels de la santé au Québec.
Votre dévouement est réel, votre mission noble, votre humanité souvent mise à l’épreuve. Merci.

Mais il faut aussi reconnaître que, pour parvenir jusqu’à vous, le patient doit franchir un véritable parcours du combattant.
Des délais interminables, des appels qui n’aboutissent pas, des formulaires à n’en plus finir, des portes qui s’ouvrent et se referment sans explication.

Et pourtant, dès que le malade parvient enfin à être pris en charge, tout fonctionne. L’écoute, la compétence, les soins.
Le problème ne se situe pas dans les soins, mais autour des soins.

La responsabilité de chacun

Il est trop facile de chercher un bouc émissaire : accuser les médecins, les gestionnaires, ou les politiciens.
Mais la vérité, c’est que nous avons tous une part de responsabilité.

Les décideurs doivent écouter le terrain, oui — mais le terrain aussi doit parler avec lucidité, et non par réflexe de blâme.
Les gestionnaires doivent organiser, mais pas contrôler.
Les médecins doivent soigner, mais aussi être entendus.
Et nous, citoyens, devons participer activement à repenser le système plutôt que de simplement le subir.

La santé n’est pas un champ de bataille entre corporations : c’est un bien commun.

Décentraliser ne veut pas dire bureaucratiser

On parle beaucoup de décentralisation du système de santé.
Mais être sur le terrain, ce n’est pas installer des bureaux un peu partout ni multiplier les titres administratifs. Ce n’est pas nommer de nouvelles couches de gestion. 
Être sur le terrain, c’est être là où le citoyen a besoin d’aide. C’est rendre les services accessibles, simples, humains. C’est permettre à une mère inquiète, à un aîné isolé, à un jeune en détresse d’obtenir rapidement du soutien sans devoir traverser mille portes fermées.

Décentraliser, c’est rapprocher l’humain du soin, pas le dossier du gestionnaire.

Pour un système de santé plus humain

Le système de santé québécois ne manque ni de talents ni de bonne volonté.
Il manque de souffle, de coordination, de respect du temps et du parcours humain.

Et si, au lieu de reconstruire des structures, on reconstruisait le lien ? Celui entre les professionnels et les patients. Celui entre les gestionnaires et le terrain. Celui, surtout, entre la santé publique et la dignité individuelle.

La guérison du système commencera peut-être le jour où on comprendra qu’il n’a pas seulement besoin d’argent ou de réformes, mais de cœur, de simplicité et de bon sens.

Quelques repères pour aller plus loin


Ce billet n’est pas une accusation, mais une invitation : réfléchir ensemble à ce que nous voulons préserver, corriger et transmettre.
Parce qu’un système de santé, avant d’être un réseau, c’est une promesse collective.

— Marie Buteau
Réflexion et opinion sur la santé, le dialogue et la société.

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